Isabelle Pangault (Crédits : Romain Becker)
Nous voilà revenus à nos heures les plus inventives de notre scolarité : quel stratagème déployer pour rater le réveil ? Et bien ne pas le mettre pardi ! Après une soirée agréable avec des potes tourangeaux (Merci Mélissa et Pierre pour votre accueil), et quelques belles bouteilles, nous voilà face à la pire angoisse des néophytes du podcast : être en retard ! Sachant qu’il faut une heure pour aller chez Isabelle, et qu’il nous reste justement une heure pour nous préparer, mettre de l’essence et saluer nos potes, le compte est déjà tout fait : on sera en retard !
Le temps de la prévenir d’un texto pas très serein, nous partons à la recherche du meilleur des remèdes pour présenter nos excuses : une boulangerie. Passé l’acte d’achats des meilleures viennoiseries de la région, nous roulons destination Sassay, en pleine Sologne. Outre sa vocation de destination privilégiée de citadins en mal de nature, cette région regorge de quelques pépites viticoles dont une nouvelle vient de faire son apparition : Isabelle Pangault du domaine l’Affût.
Arrivés au village, nous tentons de trouver le domaine. La première allée d’entrée est obstruée de banderoles de chantier, rénovation oblige. Nous faisons le tour du rond-point, 100 mètres plus loin, et nous nous retrouvons face à la deuxième entrée. Là c’est un poids lourd qui nous fait face. Autant dire que notre clio noire, fidèle destrier de nos joutes viticoles, n’en mène pas large. Auréolé d’un permis de conduire obtenu pour son premier coup il y a quinze ans, Michou s’élance alors dans une course folle pour trouver à se garer derrière le camion. A bien regarder, il y avait largement la place en fait.
Vue sur le chai (Crédits : Romain Becker)
Nous sortons de la voiture avec nos excuses aux lèvres et dans le sachet scellé des armures de la boulangerie (ça claque hein ?). Isabelle nous accueille dans un grand sourire puis retourne conduire son transpalette. C’est qu’une vigneronne qui a une heure devant elle sait très bien occuper son temps, vu le nombre d’activités qu’il y a à faire au domaine. Et là, il s’agit de ranger les palettes de bouteilles vides qu’elle a justement reçues ce matin pour la future mise en bouteille. Finalement, notre retard, évidemment inexcusable, n’a pas d’incidence sur nos échanges.
Installée depuis deux ans, Isabelle poursuit la construction de son domaine petit à petit. C’est pourquoi, nous trouvons place dans son Algeco, bureau de fortune le temps de trouver un lieu définitif. Autour d’une table et accompagnés de l’énorme brioche de circonstance ainsi que d’un thé bien chaud, nous procédons aux habituels réglages techniques des micros. Puis nous démarrons par la traditionnelle question de présentation. Isabelle se met alors à nous conter son parcours.
De l’Inde au Languedoc, en passant par le Rhône, elle a voyagé parmi différentes visions du vin pour construire sa propre philosophie. Au travers de ses passages en cave coopérative, chez un vigneron artisan ou à la construction d’une filière entière dans un pays en développement, c’est peu dire qu’Isabelle connaît son sujet ! Et pourtant, elle ne le dira jamais, portée par une modestie sincère.
Passionnée à l’extrême de vins, l’envie de revenir dans son pays natal est trop forte. C’est pourquoi, ils décident, avec son conjoint, de s’installer dans la Loire. A la recherche d’un domaine, pour créer sa propre histoire, le choix d’Isabelle s’est arrêté sur ses terres actuelles et sa rencontre avec leur propriétaire. Femme d’instinct, elle a compris par les échanges et les discussions avec le cédant que son destin était ici, à l’endroit qui deviendra bien vite le Domaine de l’Affût.
Sachant où elle va, maîtresse de sa vision comme de l’ambition qu’elle porte pour le domaine, Isabelle charme aisément son auditoire avec l’histoire de son installation, reflétant ainsi les péripéties qu’un néo-vigneronne rencontre en s’installant. C’est qu’il faut convaincre les partenaires avant de donner les premiers coups de sécateurs. Mais ça, Isabelle vous l’explique mieux que n’importe qui dans cet entretien au long cours.
Passé l’heure et demi d’échanges, retranscrite en intégralité dans l’épisode (à deux, trois détails près), nous avons goûté ses deux premières cuvées : un assemblage de sauvignon blanc et de chardonnay et son gamay plus que centenaire. Au travers des vins, le charme continue d’opérer. L’équilibre et la justesse de son travail se reflètent parfaitement dans le verre, source d’un plaisir immédiat et partagé.
Plus belle dégustation en Algeco jamais faite (Crédits : Romain Becker)
Un déjeuner ensemble plus loin, l’heure de se quitter approche. Après avoir pris un dernier conseil pour aller acheter du fromage de chèvre, nous remontons dans notre clio noire, que vous connaissez bien maintenant. Les premières sensations de cette rencontre apparaissent au fur et à mesure de notre retour vers Paris, portée par une évidence : même si cette première rencontre avec Isabelle était mal partie à cause d’un réveil pas réglé, nous sommes sûrs que ce n’est pas la dernière !
Prenez soin de vous et buvez bon.
Pour écouter l'épisode, cela se passe ici :
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